Pour mon père
Ce matin, Papa nous a quittés, il est parti pour l'au-delà ou le néant, qui sait?
Je me sens un peu impudique d'écrire comme ça, ici, devant le monde et devant personne, mais il y a tellement de choses que nous n'avons pas eu le temps de nous dire, alors je les lui envoie où qu'il soit...
Papa, tu m'avais appelé Gaspard tout le long des neuf mois qu'il a fallu pour faire de moi finalement, une petite fille, Maman elle, ne voulait surtout pas de roux, vous aviez réussi votre coup: une petite rouquine au lieu du p'tit gars qui est arrivé plus tard!
Je crois que tu t'en étais remis bien vite, je t'entends encore appeler" Qui c'est, la pipette à Papa?" alors que je courais vers toi, ou que plus tard, pendant les vacances, tu nous racontais les "irrésistibles aventures d'Anatole-Jus-de-Raisin" tout au long des pique-niques ou des promenades montagnardes...
Tu m'as fait peur parfois lorsque tu te mettais en colère parce que je n'avais pas eu 20, mais seulement ...18, toi qui t'étais battu avec la Vie, et qui avec tes deux ans d'avance à l'école, étais rentré comme technicien chez Alcatel à 18 ans pour en sortir, quarante ans plus loin, directeur d'un centre...
Tu m'as cassé les pieds bien souvent avec tes maths et ta physique tandis que je révais d'apprendre autant de langues étrangères qu'il est possible,
Tu m'as aussi donné l'amour du travail bien fait, celui, trésor parmi les trésors de livres dans lesquels nous passions des heures, "Allez, cet été, on se fait tout Zola!"..., celui de Beethoven et de Mozart qui nous enchanteront pour toujours au-delà des mondes,
Je ne sais pas si tu m'as dit un jour "Je t'aime", mais moi, je te le dis aujourd'hui et pour toujours...
Je t'aime, Papa
Pardon à toutes pour ce déballage, mais il fallait que je le fasse...